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Nathanaël est tout petit, il aime qu'on lui raconte des histoires
épouvantables. Le voici au lit, déjà ses yeux se ferment; et l'Homme
arrive. Il lui jette des poignées de sable à la figure; ses yeux
ensanglantés jaillissent hors de sa tête. L'Homme en remplit son sac; il
les donnera à manger à ses petits. C'est une histoire de cauchemar... Nathanaël aime Clara. Ils vont se marier. "Suivons notre chemin, dit-elle; tu oublieras." Mais Coppélius paraît, il touche les yeux charmants de la jeune fille qui sautent aussitôt, en sang, sur la poitrine de Nathanaël... "J'ai mes yeux, regarde-moi!", crie t'elle. Il la fixe avidement, mais c'est la mort qui le regarde avec les yeux de Clara. C'est une histoire de délire... Le colporteur avait des yeux à vendre. Nathanaël se laissa tenter par une jolie longue-vue et se mit à la fenêtre. Elle était là! Quand les deux hommes se battirent pour elle, il vit distinctement dans son visage, pâle comme la cire, deux orbites vides. Sur le parquet, deux yeux sanglants le regardaient fixement. C'est une histoire de double... Ce pourrait être une histoire d'aberration. Surtout, c'est une histoire fantastique, un voyage audacieux vers les terres de l'excès, de la terreur et de la passion où vous vous aventurerez avec ce premier volume de La Grande Anthologie du Fantastique. |
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Je découvris l'abbaye avec ses tours, ses clochetons couronnés
de chimères, de diables, de bêtes fantastiques, de fleurs monstrueuses,
et reliés l'un à l'autre par de fines arches ouvragées. "Mon
père, lui dis-je, comme vous devez être bien ici!" C'est une histoire de choses. Des pêcheurs attardés jurent avoir rencontré, rôdant dans le dunes, un bouc à figure d'homme et une chèvre à figure de femme, se querellant dans une langue inconnue, puis bêlant de toute leur force. "Et vous, lui dis-je, les avez-vous vus?" Il répondit : "Le vent, l'avez-vous vu? Il existe, monsieur, pourtant." C'est une histoire de monstre. Vers dix heures, je monte dans ma chambre. A peine entré, je donne deux tours de clef, je pousse les verrous... j'ouvre mes armoires, je regarde sous mon lit. Enfin je dors, je sens que je dors, et quelqu'un s'approche, me palpe... monte sur mon lit, s'agenouille sur ma poitrine, me prend le cou entre ses mains et serre... L'air ne passe plus... Horreur! Le vent est plein d'invisibles puissances! C'est une histoire de présence... ou une histoire de fantôme... Surtout, c'est une histoire fantastique, un voyage audacieux vers les terres de l'excès, de la terreur et de la passion que vous arpentez en tous sens avec ce deuxième volume de La Grande Anthologie du Fantastique. |